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12 août 2005

Vous en reprendrez bien une petite louche

Le couvert est servi. La soupe est sur la table. Papa a chaussé ses pantoufles. Les enfants décollent les doigts de leur console de jeux. Maman s'assied enfin. Tout le monde est prêt pour les complies modernes : on appuie sur le petit bouton de la télécommande, le JT démarre.

Le présentateur affiche son bon vieux regard de chien qui chie. "Nous sommes désolés de titrer à nouveau sur le sujet, mais la gravité de la situation l'exige : le Niger a faim". S'ensuit ce florilège d'images terribles, bien connues, alors que sur la table, la soupe refroidit dans les assiettes. Papa s'emporte : "tout ça c'est la faute à.............." (remplissez les pointillés). Les enfants rechignent à porter la cuiller à la bouche. Maman les sermonne, leur rappelant la chance qu'ils ont d'avoir à manger tous les soirs, prenant à témoin les images qui défilent sur le petit écran. Plus tard, elle ira vomir sa soupe dans les toilettes en hommage aux petits Nigériens.

Eh oui, quelle chance nous avons de vivre en occident, dans des contrées de tradition convenablement catholique, où les bonnes vieilles valeurs judéo-chrétiennes d'abandon de soi et de culpabilisation ont toujours la cote. A la télévision, le sujet se conclut par l'affichage d'un numéro de compte où verser son obole pour aider les petits Nigériens. Après avoir pieusement plaint les pauvres peuplades africaines, papa, maman et les enfants reprendront sereinement le cours de leur vie égoïste.

La question n'est pas de savoir s'il vaut mieux jouer les dames patronesses auprès d'Amnesty, de MSF, de SOS Faim ou des Restos du Coeur. La question n'est pas de savoir dans quelle poche ira au final l'argent de la collecte, ni quelle part de cet argent servira effectivement à payer un couscous tagine aux petits Nigériens. La question n'est même pas savoir si, par hasard, il n'existerait pas d'autres moyens de lutter efficacement contre la faim dans le monde. La question est : pourquoi toujours quémander l'aide pécunière auprès de ceux qui ont le moins d'argent ?

Entre les banques, les compagnies d'assurance et les multinationales fleurissantes qui n'hésitent pas à licencier des milliers de personnes pour mieux drainer encore plus de bénéfice, a-t-on réellement oublié où l'argent se trouve ou nous prend-on encore une fois pour des cons ? S'il y a bien un endroit où l'argent ne se trouve pas, c'est dans ma poche de chômeur qui ne parvient pas toujours à manger à sa faim en fin de mois.

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